« Robert Milhouet n'aurait sûrement pas souhaité qu'une cérémonie d'importance soit organisée pour ses obsèques. Mais je ne pouvais pas […] ne pas témoigner, en ce jour de deuil, de l'infinie reconnaissance que l’on doit à cet homme pour l’empreinte qu’il a laissé dans notre cité ». Pierre Renard, alors maire de Beaulieu, commençait ainsi son discours lors des obsèques de Robert Milhouet, le 5 octobre 1999.Robert Milhouet est né à Beaulieu le 10 février 1908. À 13 ans, il quitte l’école muni de son certificat d’études primaires et travaille en tant que manœuvre successivement à la laiterie de Verneuil-sur-Indre et au moulin des Cordeliers, où il apprend la comptabilité. Autodidacte, il devient également agent d’assurance à Beaulieu. Il effectue son service militaire en Allemagne de 1928 à 1929 dans la Ruhr. Il est choqué par les consignes de l’État-Major, méprisantes à l’égard de la population allemande. Un homme engagéBrièvement engagé auprès des anarchistes, il adhère en 1925, à l’âge de 17 ans, au parti communiste. Il devient secrétaire de la cellule de Loches en 1932 suite à l’emprisonnement du précédent secrétaire pour ses positions anticolonialistes. En 1934, Robert Milhouet participe aux manifestations antifascistes, puis à celles du Front Populaire à Tours en 1935-1936. Comme la plupart des soldats français, il est de retour à Beaulieu après une courte mobilisation, suite à l’annonce de l’armistice. En raison de ses positions politiques, Robert Milhouet est arrêté le 26 octobre 1940 à son domicile. Il est considéré par l’État français comme individu dangereux pour la sécurité publique et pour la défense nationale. Interné d’abord en Haute-Vienne, il est ensuite transféré en 1941 en Algérie. Il y côtoie des républicains espagnols, des indépendantistes algériens du Parti Populaire Algérien fondé par Messali HADJ et des Juifs algériens victimes des lois raciales de Pétain. Il dénonce les conditions de vie inhumaines dans les camps et entame une grève du travail et de la faim en décembre 1942. Il est libéré le 1er mai 1943. Un humaniste à Beaulieu« C’est en mars 1955 qu’il devient conseiller municipal. Il sera réélu jusqu’en 1971. Malgré ses opinions opposées à la plupart des Bellilociens frileux de cette époque, il est le conseiller le plus écouté » - Pierre Renard – 5 octobre 1999 En tant qu’élu, il participe à la commission scolaire et favorise la création d’une garderie pour les élèves durant les vacances d’été et l’achat de livres de prix pour les écoles. Toujours engagé, il interroge le Conseil municipal sur la pertinence des opérations de guerre en Afrique du Nord et se montre favorable à la paix. Choqué par l’état de certains logements dans la commune, il engage la municipalité dans la construction et la réhabilitation de logements locatifs. En 1961, il est également à l’initiative de la création de bains-douches à l’entrée de la rue de Guigné (actuel emplacement de la bibliothèque). Robert Milhouet est très attaché au patrimoine de sa commune et s’engage pour la sauvegarde du clocher de l’église abbatiale. Il se retire du conseil municipal après le décès de sa femme, Germaine Maillard. Redevenu simple citoyen, il reste présent auprès des Bellilociens. Il apprend à nager à plusieurs enfants et adultes au Pont Gué-Guénard. Il sauve même plusieurs personnes de la noyade. Il est également écrivain public jusqu’à l’âge de 75 ans pour des personnes en difficulté. « Robert Milhouet était un homme de rigueur, un homme de bon sens, un homme cultivé, un homme unanimement estimé » - Pierre Renard – 5 octobre 1999 Robert Milhouet décède à Aix-en-Provence le 2 octobre 1999 et est inhumé dans sa commune de Beaulieu-lès- Loches. La commune a souhaité rendre un dernier hommage à ce Bellilocien modeste et engagé donnant son nom à la promenade qui longe le canal qu’il appréciait tant. |
![]() ![]() Robert Milhouet près du lavoir du pont Gué-Guénard.
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